
Il y a dans la vie, des rêves que l’on cultive depuis toujours, mais qu’au fond de nous, nous n’osons espérer. C’était le cas pour moi concernant le fait de pouvoir voir une aurore boréale.
Avez-vous seulement espéré un jour avoir le privilège de voir danser dans le ciel nocturne ces épées de lumière enveloppées d’un voile éthéré au couleurs vives ? J’en rêvais depuis ma plus tendre enfance mais comment faire ? Aller en Europe du Nord ? Encore faut-il en avoir les moyens en temps et en finance. Ce n’est pas un simple déplacement comme pour rendre visite à sa grand-mère de l’autre côté de la forêt. Non, c’est une véritable expédition digne des plus grands aventuriers. Imaginez-vous dans l’hivers et la nuit éternelle de la Norvège, couvert d’un énorme anorak et vous délaçant en raquette ou en traineau tiré par une meute de chiens ou, si vous négociez bien, avec le père Noël. Cette aventure serait une véritable épopée que j’espère pouvoir vivre un jour. Mais en attendant la réalisation de ce rêve, les aurores boréales sont venues à moi, ou devrais-je dire à nous. Et c’est réellement fantastique
Une aurore Boréale, c’est quoi ?

Pour comprendre le phénomène merveilleux des aurores boréales, il faut faire un peu de physique et d’astronomie. Pour que ce phénomène se produise, il faut 2 ingrédients :
- une étoile
- une planète avec une magnétosphère (bouclier magnétique)
Notre étoile, le soleil, à un cycle d’activité de 11 ans. Pendant quelques années il à une activité très faible, il dort, puis il va se réveiller en augmentant son activité d’éjection de masses coronales. L’éjection d’une masse coronale c’est comme une bulle qui remonte à la surface d’une casserole d’eau bouillante, et quand elle arrive à la surface du soleil, elle explose et envoie une quantité énorme de particules chargés électriquement (électrons, protons et ions positifs sous forme de plasma) que l’on appelle des vents solaires. la vitesse de ces vents solaires est variable, elle commence vers les 300 mètres par seconde et peut dépasser les 900 mètres par secondes soit 3.240.000 km/h !!!!
Donc, au début les activités sont très faibles puis, plus on se rapproche de la fin du cycle, plus elles augmentent en nombre et en intensité. Puis, après la onzième année, le soleil se rendort de nouveau.
Mais ce n’est pas suffisant pour provoquer des aurores boréales. Pour cela il faut que la planète (pour nous la Terre) soit pourvue d’une magnétosphère (un bouclier magnétique qui nous protège des vents solaires) et que la masse coronale soit éjectée en direction de la terre. Lorsque les vents solaires vont entrer en collision avec la magnétosphère, ils vont former un orage magnétique et déformer notre bouclier, l’étirer vers l’arrière de notre planète créant une zone que l’on appelle « ovale auroral ». La collision entre les particules solaires et les gaz qui constituent notre haute atmosphère (ionosphère) va créer une réaction au niveau des atomes célestes (oxygène, azote, hydrogène présents à très haute altitude) qui vont se ioniser. Les atomes n’étant pas prévu pour rester dans cet état, un électron change alors de couche (pour rappel, les électrons sont répartis autour de l’atome en couche, comme des peaux d’oignons. la première couche (K), à proximité de l’atome ne peut dépasser 2 électrons, la suivante (L) : 8, puis M : 16, et ainsi de suite et la dernière couche ne peut excéder 8 électrons), émettant un photon (particule de lumière). Ce que l’on voit donc lorsque l’on observe une aurore boréale, c’est la lumière émise par des milliards d’électrons qui se déplacent, donnant l’impression d’une valse spectrale dans le ciel nocturne.
Et les couleurs dans tout ça ?
Les couleurs sont le résultat de cette même collision mais avec des gaz différents.
Le vert est la couleur de l’oxygène à « basse altitude » (entre 100 et 300 km). Le rose et le rouge foncé sont l’azote vers 100 km d’altitude. Le rouge est la couleur de l’oxygène encore, mais cette fois-ci à plus haute altitude (entre 300 et 400 km). Et pour finir le jeu et le mauve sont les couleurs de l’hélium, mais elles sont très difficiles à voir en raison de leur proximité avec la couleur du bleu de la nuit.
Peut-on voir à l’oeil nu une aurore boréale ?
Oui mais seulement lorsqu’elles sont intense. En revanche on ne les vois pas aussi colorées que sur les photographies. L’appareil photo à une sensibilité que l’oeil humain n’a pas. La plupart du temps nous ne voyons rien, ou alors quelque chose qui ressemble à des nuages étranges, des nuages qui dansent, apparaissent et disparaissent. Et lorsqu’elle est très intense, comme ce fut le cas pour moi cette nuit du 9 octobre, alors oui on voit les couleurs dans le ciel et là c’est une explosion de magie qui nous transporte dans un autre monde. Cette nuit là j’étais tout fou car c’est mon plus grand rêve d’enfant qui s’est concrétisé. J’ai compris d’où sortait l’inspiration qui à donné naissance aux croyances vikings. C’est à ce moment là que l’on se rend compte à quel point l’univers est merveilleux. Mais rappelez-vous que votre appareil photo vous permettra de capter d’avantage de lumière et de couleurs que votre oeil n’en perçoit.
Mais c’est dangereux pour la planète ça, non ? Et le réchauffement climatique alors ?
Alors non, il n’y a presque aucun danger avec les aurores boréales. Presque car au XIXe siècle, il y a eu un orage magnétique tellement violent que l’on a recensé des cas de mort par électrocution. Mais c’est un cas extrêmement rare. Il y en a tous les hivers autour des pôles, et personne n’a de problème. Les aurores boréales sont des phénomènes naturels que l’on vit tous les 11 ans en moyenne et personne ne s’en rend compte. Aujourd’hui nous avons tous des smartphone et internet, ce qui permet de diffuser extrêmement vite les informations, les gens ignoraient ce phénomène avant alors ils le prennent pour de la nouveauté. Mais enfaite non. Et le réchauffement climatique n’a rien a voir dans tout ça. Il n’est aucunement impacté, et il n’en fera pas apparaitre d’avantage. De même que notre technologie ne va pas s’effondrer avec les aurores polaires. A la limites les ondes radio sont perturbées le temps du phénomène mais rien de plus. Il ne s’est jamais rien pass avant, et il ne se passera jamais rien après.
Pourquoi tu dis aurore polaire ?
En réalité, les aurores boréales sont boréales parce qu’elles sont autour du pole nord. Au pole sud ce sont les aurores australes. Lorsque la ionosphère est excitée, ce sont les deux pôles qui s’illuminent. On parle donc d’aurores polaires pour généraliser le phénomène et on sous-catégorise boréale/australe selon que l’on parle d’une aurore vue dans l’hémisphère nord ou l’émisphère sud.
Comment photographier une aurore boréale ?
Enfin la parti qui t’intéresse. Rien de plus simple. Il te faut un trépied, un appareil photo avec un objectif lumineux, un ciel dégagé et une aurore boréale.
Tout d’abord tu dois viser au nord. L’aurore démarre du pole nord et se répand vers le sud (et inversement pour les aurores australes). Pour trouver le nord, ton smartphone est équipé d’une fonction boussole.
Ton appareil photo est posé sur un trépied avec un objectif le plus lumineux possible. Si tu n’a qu’un objectif 18-55 mm f/4.5-5.6 de kit, cela fera très bien l’affaire à 18 mm f/4.5 et tu auras quand même de merveilleuses photos. Tu fais la mise au point sur l’infini, tu montes tes ISO au maximum que tu puisse sans avoir trop de bruit numérique (par exemple moi sur mon Canon Eos R, je monte à 5000 ISO sans perte, mais sur mon vieil Eos 700D je ne dépasse pas les 1600 ISO sinon l’image est trop dégradée). Ensuite tu règles ta vitesse. Il te faut une pause longue pour enregistrer le maximum de lumière, mais pas trop longue sinon ton aurore sera diffuse et tu ne seras pas son motif. En général 10 secondes maximum mais c’est variable selon l’intensité des vents solaires.
Penses également à ta composition. Tu peux exploiter le paysage pour un « effet whaou », mais tu peux aussi te servir de l’aurore pour mettre en scène d’autres éléments.
Si tu as shooté en raw tu pourras sublimer ton image, si tu as shooté en jpeg tu devras te contenter du résultat qui sera probablement satisfaisant, mais pas toujours.


Comment savoir s’il va y avoir une aurore polaire ?
Pour cela il faut se documenter en temps réel. il existe plein d’app gratuites ou payantes qui te notifieront des chances de voir ces événements célestes. Je parle de « chance de voir » car il faut de nombreuses conditions pour que cela arrive, une tempête solaire n’est pas suffisante.
Les app que je te recommande sont « My Aurora Forecast », « Aurora Alerte » et « SpaceWeatherLive ».
Il faut observer l’indice Kp, et la vitesse des vents solaires, plus ils sont élevés et meilleures sont les chance d’en avoir. Mais aussi le Bz qui lui doit être négatif. Étudies tout ça, c’est le minimum à savoir pour pouvoir estimer la présence d’aurores. Je ne t’ennuies pas plus avec le reste, tu viens déjà de lire plus que tu n’en avais envie.
Vas, amuses toi, fais de magnifiques photos, mais surtout n’oublies pas de vivre l’évènement, car la magie n’est pas dans une image, c’est quand tu la vis.
Colin